Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/225

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— Mais n’avez-vous jamais rêvé, demanda le docteur, l’immortalité par la science, l’immortalité dans les astres ?

— J’en reviens, dit M. Bergeret, à la pensée de madame Dupont-Delagneau. J’aurais trop peur que le système d’Altaïr ou d’Aldébaran ne ressemblât au système solaire, et que ce ne fût pas la peine de changer. Quant à renaître sur cette boule-ci, grand merci, docteur !

— Non, vraiment, demanda le docteur, vous ne voulez pas, comme madame Péchin, être immortel d’une façon ou d’une autre ?

— Toute réflexion faite, répondit M. Bergeret, je me contente d’être éternel. Et je le suis dans mon essence. Quant à la conscience dont je jouis, c’est un accident, docteur, un phénomène d’un instant, comme la bulle formée à la surface de l’eau.

— D’accord. Mais il ne faut pas le dire, répliqua le docteur.

— Pourquoi ? demanda M. Bergeret.