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depuis la trahison de M. Roux, vint le chercher en son logis, pour l’accompagner, selon la coutume, au café de la Comédie.

La nuit était brillante d’étoiles. M. Bergeret, en battant du pied le pavé pointu des rues, regardait le ciel. Et, comme il était curieux d’astronomie amusante, il montra du bout de sa canne à M. Goubin une belle étoile rouge dans les Gémeaux.

— C’est Mars, dit-il. Je voudrais bien qu’il y eût d’assez bonnes lunettes pour voir les habitants de cette planète et leurs industries.

— Mais, cher maître, dit M. Goubin, ne me disiez-vous pas, il y a peu de temps, que la planète Mars n’était point peuplée, que les univers célestes étaient inhabités et que la vie, telle du moins que nous la concevons, devait être une maladie propre à notre planète, une moisissure répandue à la surface de notre monde gâté ?

— Vous ai-je dit cela ? demanda M. Bergeret.