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et me demande pardon. Le juste et l’injuste n’embarrassent point son infaillible sagesse.

— Cette philosophie lui épargne les angoisses que nous éprouvons aujourd’hui, dit M. Leterrier.

Depuis qu’il avait signé la protestation dite « des Intellectuels », M. Leterrier vivait dans l’étonnement. Il avait exposé ses raisons en une lettre aux journaux de la région. Il ne comprenait pas celles de ses contradicteurs, qui étaient de l’appeler juif, prussien, intellectuel et vendu. Il était surpris aussi, qu’Eusèbe Boulet, rédacteur du Phare, le traitât chaque jour de mauvais citoyen et d’ennemi de l’armée.

— Le croyez-vous ? s’écria-t-il, on a osé imprimer, dans le Phare, que j’outrageais l’armée ? Outrager l’armée, moi qui ai un fils sous les drapeaux !

Les deux professeurs parlèrent longuement de l’Affaire. Et M. Leterrier, dont l’âme était limpide, dit encore :