— Je crois qu’ils crient « Conspuez Leterrier », dit le recteur. On leur aura signalé ma présence chez vous.
— Je le crois aussi, dit M. Bergeret. Et je pense qu’ils vont bientôt crier : « Conspuez Bergeret ! » Pecus est nourri de mensonges antiques. Son aptitude à l’erreur est considérable. Se sentant peu propre à dissiper par la raison les préjugés héréditaires, il conserve prudemment l’héritage de fables qui lui viennent des aïeux. Cette espèce de sagesse le garde des erreurs qui lui seraient trop nuisibles. Il s’en tient aux erreurs éprouvées. Il est imitateur ; il le paraîtrait davantage, s’il ne déformait involontairement ce qu’il copie. Ces déformations produisent ce qu’on appelle le progrès. Pecus ne réfléchit pas. Aussi est-il injuste de dire qu’il se trompe. Mais tout le trompe, et il est misérable. Il ne doute jamais, puisque le doute est l’effet de la réflexion. Pourtant ses idées changent sans cesse. Et parfois il passe de la