Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/289

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devenu tout à coup un exemple et un modèle aux Français, en éprouvait une joie mêlée de trouble. Elle était faite pour goûter des plaisirs discrets et des satisfactions intimes ; cette gloire la surprenait et lui causait une sorte de malaise. Auprès de Raoul, elle ressentait l’impression fatigante de vivre perpétuellement dans un ascenseur.

Les témoignages d’estime qu’il recevait étonnaient par leur nombre et leur grandeur cette simple Élisabeth. Ce n’étaient que félicitations, assurances flatteuses, certificats de bonne conduite, compliments, louanges. Il en venait des villes et des campagnes, de tous les corps constitués et de toutes les sociétés nationales. Il en venait des prétoires, des casernes, des archevêchés, des mairies, des préfectures, des châteaux. Il en jaillissait des pavés aux jours de tumulte, il en résonnait avec les fanfares des gymnastiques dans les retraites aux flambeaux.