Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/293

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ments extraordinaires. Et sur le bout de la chaise bleue, les yeux mi-clos, la poitrine un peu haletante, elle attendait que Raoul changeât de fureurs.

Elle attendait en vain. Et les mêmes hurlements la faisaient tressaillir :

— Il faut que j’en crève un !

Parfois, timidement elle essayait de l’apaiser. D’une voix grasse comme sa gorge, elle lui disait :

— Mais puisqu’on te rend justice, mon ami !… Puisque tout le monde reconnaît que tu es un homme d’honneur !…

Si l’enfant David, maigre et noir, avec sa harpe de berger, d’un son plus grêle que le cri de la cigale, calmait la fureur de Saül, moins heureuse, Élisabeth offrait inutilement à Raoul l’oubli des maux dans ses soupirs de cantatrice viennoise et dans les magnifiques plis de sa chair blanche et rose. Sans oser le regarder, elle osait lui dire encore :