Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/305

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tement ralliés à la politique financière de la République, surent gré au ministre de les rattacher encore au régime par les liens honorables d’un sentiment généreux.

M. de Gromance avait tendu la main au ministre et lui avait dit : « C’est un vieux chouan, monsieur le ministre, qui vous dit merci pour Jeanne et pour la France. » En se promenant avec madame de Gromance, la nuit, aux lueurs des lanternes vénitiennes, dans les jardins profonds de la préfecture, sous les arbres plantés en 1690 par les bénédictins de Sillé pour que madame Worms-Clavelin, deux siècles après, leur dût cet ombrage, le ministre, qui venait d’apprendre du préfet lui-même que le vieux chouan était le mari le plus trompé du département, avait soufflé quelques gaillardises à l’oreille rose de la jeune femme. Il était Bourguignon et se flattait d’être Bourguignon salé. Sensible toutefois à la beauté de cette nuit historique, il avait dit en pre-