Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/31

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la font insulter par des aboyeurs à leurs gages.

— C’est criminel, dit l’abbé Guitrel avec douceur. Le salut de la France est dans l’union du clergé et de l’armée.

— Alors, monsieur l’abbé, pourquoi défendez-vous les juifs ? demanda le duc de Brécé.

— Bien éloigné de les défendre, répondit M. l’abbé Guitrel, je condamne leur impardonnable erreur, qui est de ne pas croire à la divinité de Jésus-Christ. Sur ce point leur opiniâtreté demeure invincible. Ce qu’ils croient est croyable. Mais ils ne croient pas tout ce qu’il faut croire. Par là, ils se sont attiré la réprobation qui pèse sur eux. Cette réprobation est attachée à la nation et non point aux individus, et elle ne saurait atteindre les israélites convertis au christianisme.

— Pour moi, dit M. de Brécé, les juifs convertis me sont aussi odieux et plus