Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/337

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charmante. Elle garda constamment cet air d’innocence qu’elle prenait dans les compagnies qui ne l’amusaient pas. Elle avait pour le monde une manière de baisser les yeux qui excitait les vieux messieurs et dont l’administrateur chenu de la grammaire et de la gymnastique nationales fut troublé. Il la cherchait du pied sous la table. Cependant elle méditait déjà de prendre le tramway qui la porterait de l’avenue de Clichy à l’Arc-de-Triomphe où, dans ce rayonnement d’avenues, semblable à une immense croix d’honneur, était son family-house.

Mais en rentrant dans le salon au bras du vieux monsieur qui avait rendu de signalés services à l’instruction primaire, elle y trouva le jeune Maurice Cheiral, qui, retenu tard, après la séance, au ministère, avait dîné au cabaret et était venu s’habiller pour finir sa soirée au théâtre. Il regarda madame Worms-Clavelin avec intérêt et s’assit près d’elle, sur le vieux divan maternel, au-