Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/350

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ture à M. Bergeret, qui lui dit par moquerie :

— Oui, mon pauvre Riquet, voilà une terrible rencontre et nous avons échappé aux griffes et au bec d’un monstre ailé. Ce pigeon était effroyable.

Et M. Bergeret sourit. Riquet connaissait ce sourire. Il vit fort bien que son maître se moquait de lui. C’est ce qu’il n’aimait pas. Il cessa d’agiter sa queue et se mit à marcher la tête basse, le dos rond et les pattes écartées en signe de mécontentement.

Et M. Bergeret lui dit encore :

— Mon pauvre Riquet, cet oiseau, que tes ancêtres auraient croqué vif, t’effraie. Tu n’as pas faim comme eux ; aussi tu n’as pas d’audace comme eux. Une culture raffinée t’a rendu poltron. C’est une grande question de savoir si la civilisation n’affaiblit pas chez les hommes le courage en même temps que la férocité. Mais les hommes