Page:Anatole France - L’Anneau d’améthyste.djvu/382

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Pour être chrétienne, il lui manquait encore le baptême. Mais elle avait fait baptiser sa fille et elle l’élevait dans la religion catholique. Elle inclinait avec la République à la piété bourgeoise. Dans un élan sincère de son cœur, elle salua dévotement cette bonne Vierge à l’écharpe d’azur, qu’invoquent, en leurs nécessités, les dames comme il faut. Avec une mystique ardeur, que le judaïsme n’avait jamais contentée, elle remercia la Providence, devant cette Marie aux bras ouverts, des avantages qu’elle avait recueillis dans l’existence. Elle était reconnaissante à Dieu de ce que, née dans la misère de Montmartre, ayant, en son enfance, battu de ses semelles percées le pavé gras des boulevards extérieurs, elle vivait maintenant dans la bonne société, appartenait aux classes dirigeantes, participait à la haute administration du pays, et de ce que, dans toutes les transactions (puisque enfin la vie est difficile et qu’on a souvent besoin des