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veuve, mauvaise femme adonnée à la boisson, n’avait pas de père connu. Il passait sa vie dans les bois. Personne ne s’occupait de lui. De deux ans plus jeune qu’Honorine, il avait une longue habitude des choses de l’amour. Ces choses étaient même les seules qui ne lui eussent jamais manqué sous les arbres de la Guerche, de Lénonville et de Brécé. Ce qu’il en faisait avec Honorine était par désœuvrement et faute d’une autre occupation. Honorine y mettait par moments un goût plus vif. Mais elle ne pouvait donner beaucoup de prix à des actions si communes et si faciles. Il suffisait d’un lapin, d’un oiseau, d’un gros insecte pour les en distraire.



M. de Brécé rentra au château avec ses invités. Les murs froids du vestibule étaient hérissés de massacres, de bois de cerfs, de têtes de daguets et de dix-cors qui gardaient,