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du célibat, l’autre des tracas de la famille ; tous deux, de leurs ennuis professionnels et de leur égale impopularité.

Ce jour-là, du banc où ils étaient assis, ils voyaient le monument de Jeanne d’Arc encore couvert de toile. La Pucelle ayant couché une nuit dans la ville, au logis d’une honnête dame nommée la Gausse, la municipalité, en 189*, faisait élever, avec le concours de l’État, un monument commémoratif de ce séjour. Deux artistes, enfants du pays, l’un sculpteur, l’autre architecte, avaient exécuté ce monument, où se dressait, sur un haut piédestal, la vierge « armée et pensive ».

La date de l’inauguration était fixée au prochain dimanche. Le ministre de l’Instruction publique était attendu. On comptait sur une large distribution de croix d’honneur et de palmes académiques. Les bourgeois venaient sur le Mail contempler la toile qui recouvrait la figure de bronze et