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Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/161

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chez Rondonneau jeune et le trouva qui, dans l’arrière-magasin, clouait une caisse, tandis que M. l’abbé Guitrel examinait un vase de vermeil posé sur un long pied et surmonté d’un couvercle arrondi.

— Un beau calice, n’est-ce pas, monsieur l’abbé ?

— C’est un ciboire, monsieur le préfet, un ciboire, vase destiné ad ferendos cibos. En effet, le ciboire renferme les saintes hosties, la nourriture de l’âme. On gardait autrefois le ciboire dans une colombe d’argent suspendue sur les fonts baptismaux, les autels ou les tombeaux des martyrs. Celui-ci est orné dans le style du xiiie siècle. Un style austère et magnifique, très convenable, monsieur le préfet, au mobilier religieux et particulièrement aux vases sacrés.

M. Worms-Clavelin n’écoutait pas le prêtre, dont il observait le profil inquiet et prudent. « En voilà un, songeait-il, qui va m’en conter sur l’Inspirée et sur sainte Radegonde. »