Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/164

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m. le préfet. — Oui, comme vous dites, monsieur l’abbé, c’est spécial…

m. guitrel. — Les incrédules eux-mêmes ont contemplé avec admiration cette grande figure. Quel tableau sublime, monsieur le préfet ! Après le meurtre de son frère par son mari, l’illustre épouse de Clotaire se rend à Noyon, auprès de l’évêque Médard, qu’elle presse de la consacrer au Seigneur. Saint Médard, surpris, hésite ; il invoque l’indissolubilité du mariage. Mais Radegonde se couvre elle-même la tête du voile des recluses, s’agenouille aux pieds du pontife qui, vaincu par la sainte obstination de la reine et bravant la colère du farouche monarque, offre à Dieu cette bienheureuse victime.

m. le préfet. — Mais, monsieur l’abbé, est-ce que vous approuvez un évêque bravant, comme celui-là, le pouvoir civil et soutenant dans sa révolte l’épouse de l’exécutif ? Diable ! si vous êtes dans ces idées-là, je vous serai reconnaissant de me le dire.