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À ce moment, M. l’abbé Guitrel, l’œil inquiet, son chapeau sous le bras, entra dans le magasin de l’orfèvre.

— Savez-vous, monsieur l’abbé, lui dit le préfet, que, sur la demande générale, j’autorise des fêtes au bénéfice des incendies de Tobolsk, concert, représentation de gala, vente de charité, etc. ? J’espère que l’Église s’associera à ces fêtes de bienfaisance.

— L’Église, monsieur le préfet, répondit l’abbé Guitrel, a les mains pleines de consolations pour les affligés qui viennent à elle. Et sans doute ses prières…

— À propos, mon cher abbé, vos affaires ne vont pas du tout. Je viens de Paris. J’ai vu des amis que j’ai aux bureaux des Cultes. Et je rapporte de mauvaises nouvelles. D’abord vous êtes dix-huit.

— Dix-huit ?…

— Dix-huit candidats à l’évêché de Tourcoing. Il y a en première ligne l’abbé Olivet, curé d’une des plus riches paroisses de