Page:Anatole France - L’Orme du mail.djvu/75

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mot se mit à dire ce qu’il avait déjà dit cent fois :

— Bazaine !… Comprenez bien. Inobservation des règlements concernant les places de guerre, hésitations blâmables dans le commandement, arrière-pensées devant l’ennemi. Et devant l’ennemi on ne doit pas avoir d’arrière—pensées… Capitulation en rase campagne… Il a mérité son sort. Et puis il fallait un bouc émissaire.

— Pour moi, reprit l’aumônier, je me garderais de jamais dire un seul mot qui pût charger la mémoire de cet infortuné maréchal. Je ne saurais juger ses actions. Et ce n’est pas à moi, certes, de publier ses fautes les plus avérées. Car il m’a accordé un bienfait dont la reconnaissance durera autant que moi-même.

— Un bienfait ? demanda le général. Lui ? À vous ?

— Oh ! un bienfait si grand, si beau ! Il m’a accordé la grâce d’un pauvre soldat,