Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/124

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— Au reste, ajouta-t-il, ce sentier est funeste.

Il conduisait tout droit à un pavillon de brique, caché sous le lierre, qui, sans doute, avait servi jadis de maison à un garde. Là finissait le parc sur les marais monotones de la Seine,

— Vous voyez ce pavillon, nous dit M. d’Astarac. Il renferme le plus savant des hommes. C’est là que Mosaïde, âgé de cent douze ans, pénètre, avec une majestueuse opiniâtreté, les arcanes de la nature. Il a laissé bien loin derrière lui Imbonatus et Bartoloni. Je voulais m’honorer, messieurs, en gardant sous mon toit le plus grand des cabbalistes après Enoch, fils de Caïn. Mais des scrupules de religion ont empêché Mosaïde de s’asseoir à ma table, qu’il tient pour chrétienne, en quoi il lui fait trop d’honneur. Vous ne sauriez concevoir à quelle violence la haine des chrétiens est portée chez ce sage. C’est à grand’peine qu’il a consenti à loger dans ce pavillon, où il vit seul avec sa nièce Jahel. Messieurs, vous ne devez pas tarder davantage à connaître Mosaïde, et je vais vous présenter tout de suite, l’un et l’autre, à cet homme divin.

Ayant ainsi parlé, M. d’Astarac nous poussa