Page:Anatole France - La Rôtisserie de la reine Pédauque.djvu/347

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me plaît point, mon jeune monsieur. J’aime une blessure large et qui saigne.

— Je vois, lui dit M. d’Anquetil, que, pour un merlan et un seringueur de village, vous n’avez pas le goût mauvais. Rien n’est pis que ces petites plaies profondes qui n’ont l’air de rien. Parlez-moi d’une belle entaille au visage. Cela fait plaisir à voir et se guérit tout de suite. Mais sachez, bonhomme, que ce blessé est mon chapelain et qu’il fait mon piquet. Êtes-vous homme à me le remettre sur pied, en dépit de votre mine qui est plutôt celle d’un donneur de clystères ?

— À votre service, répondit en s’inclinant le chirurgien-barbier. Mais je reboute aussi les membres rompus et je panse les plaies. Je vais examiner celle-ci.

— Faites vite, monsieur, lui dis-je.

— Patience ! fit-il. Il faut d’abord la laver, et j’attends que l’eau chauffe dans la bouilloire.

Mon bon maître, qui s’était un peu ranimé, dit lentement, d’une voix assez forte :

— La lampe à la main, il visitera les recoins de Jérusalem, et ce qui était caché dans les ténèbres sera mis au jour.

— Que dites-vous, mon bon maître ?