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de gravures allégoriques qui y font un ornement ancien et baroque, sans doute, mais plaisant aux amis de bonnes études. Mon savoir, à la condition de le cacher avec soin, ne me fut pas trop nuisible dans mon trafic. Il m’eût été plus contraire, si j’eusse été libraire-éditeur, comme Marc-Michel Rey, et obligé, comme lui, de gagner ma vie aux dépens de la sottise publique.

Je tiens, comme on dit, les auteurs classiques, et c’est une denrée qui a cours dans cette docte rue Saint-Jacques dont il me plairait d’écrire un jour les antiquités et illustrations. Le premier imprimeur parisien y établit ses presses vénérables. Les Cramoisy, que Guy Patin nomme les rois de la rue Saint-Jacques, y ont édité le corps de nos historiens. Avant que s’élevât le Collège de France, les lecteurs du roi, Pierre Danès, François Votable, Ramus, y donnèrent leurs leçons dans un hangar où retentissaient les querelles des crocheteurs et des lavandières. Et comment oublier Jean de Meung qui, dans une maisonnette de cette rue, composa le Roman de la Rose[1] ?

  1. Jacques Tournebroche ignorait que François Villon habita dans la rue Saint-Jacques, au Cloître-Saint-Benoît, la maison dite de la Porte verte. L’élève de M. Jérôme Coignard aurait