Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/151

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offrent à l’esprit, aussi Fontanet doutait-il de la profondeur de mon intelligence.

Nous parlions souvent du choix d’une carrière, et, à mesure que nous avancions dans nos études, ce sujet se présentait avec plus de force à notre esprit. Se sentant atteint du même mal dont son père était mort jeune, Mouron, pour se donner le change, abondait en projets. Son goût réel de la linguistique le poussait vers les carrières studieuses et sédentaires, telles que le haut enseignement ; cependant, dans la crainte que sa santé ne lui permît pas de se livrer à des travaux assidus, il se destinait à la navigation. Il avait aussi du penchant pour l’entomologie, et vraiment il nous surprenait par sa connaissance approfondie des mœurs des fourmis.

Fontanet montrait moins d’hésitation dans le choix d’une carrière. Il se destinait au barreau et se proposait d’entrer à la chambre dès qu’il aurait l’âge légal. Jaloux de devenir un nouveau Berryer, notre éloquent camarade cherchait déjà, pour l’embrasser, une grande cause perdue. C’était, disait-il, dans le parti des vaincus que se montrait la grandeur d’âme.

Quant à moi, ne me découvrant point de