Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/154

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de son langage rustique. Mais, servilement soumis à l’opinion publique, qui faisait de Chazal une bête, j’étais assez sot pour croire que c’était mon esprit qui donnait du sel à ses balourdises. Pour tout dire, il exhalait une forte odeur de sueur, et j’eusse préféré qu’il sentît la violette.

Quant à Fontanet, le connaissant depuis très longtemps, je n’examinais plus les fondements d’une vieille amitié qu’il convenait de regarder comme inébranlable. Mon admiration pour son esprit ingénieux et plus encore la satisfaction que lui donnait ma simplicité confiante resserraient tous les jours les liens qui nous unissaient l’un à l’autre. Fontanet, qui avait le profil du renard, en avait aussi les mœurs. Et, sans son goût pour la trufferie, sans sa perpétuelle démangeaison d’engeigner autrui, je crois qu’il aurait recherché un compagnon moins candide que moi.

On comptait encore, parmi les péripatéticiens, Savigny, haut comme une botte, fier comme Artaban, qui se destinait à la marine et se refusait obstinément à étudier la géographie, alléguant qu’il l’apprendrait très bien en naviguant, et Maxime Denis qui composait un poème latin, imité d’Ovide, sur la métamor-