me le pardonne. Je ne me suis que trop amendé depuis.
Ayant laissé Fontanet à sa porte, je me pendis au bras de Justine, que j’aimais, et, tout plein de mes desseins charitables, je lui demandai :
— Est-ce que tu trouves qu’on donne assez, toi ? dis.
À son silence, je m’aperçus qu’elle ne comprenait pas, et je n’en fus pas surpris ; elle ne m’écoutait jamais, et me comprenait rarement. À cela près, nous nous entendions à merveille. Je m’expliquai. Secouant de toutes mes forces son bras frais et ferme, pour retenir son attention fugitive, je lui criai :
— Justine, est-ce que tu trouves que l’on fait assez l’aumône aux pauvres ? Moi, je ne trouve pas.
— On donne toujours trop aux mendiants, répondit-elle, ce sont des fainéants, mais il y a les pauvres honteux, et ceux-là sont à plaindre. Il y en a partout ; ils se cachent. Et ils souffrent plutôt que de demander.
J’avais compris ; j’étais décidé. Je me vouerais avec Fontanet à la recherche des pauvres honteux.