Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/187

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C’est ainsi qu’il prit avec les deux mains Desrais par la tête et le fit pirouetter, malgré ses protestations indignées.

— Tu es disqualifié, lui criait Desrais ; le coup de collier est une félonie.

— Possible, répliqua avec un sourire ingénu le rustique Chazal, mais c’est toi le vaincu.

Desrais versait immodérément du punch. Il prit des cartes et se mit à jouer à l’écarté avec Sauvigny. Cependant, en proie à un délire soudain, les académiciens outrageaient ce même Pascal que naguère ils avaient pris pour patron. Ils insultaient son buste. Fontanet lançait à ce buste les bottines qu’il avait trouvées dans un placard. Desrais, tout en jouant aux cartes, où il perdait gros, s’en aperçut, pria Fontanet de laisser ses chaussures tranquilles et lui dit :

— Quant au buste, tu me feras plaisir si tu m’en débarrasses.

L’endiablé Fontanet ne se le fit pas dire deux fois. Il monta sur une chaise et, tirant Blaise Pascal par la base qu’il pouvait seule atteindre, le fit tomber sur le plancher où il se brisa en morceaux avec un bruit horrible. L’académie poussa des hourras en l’honneur de l’icono-