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mosaïque romaine qu’on venait de découvrir à Lambessa et dont il avait reçu une copie à l’aquarelle. Il parla de l’Empire dont il appelait et annonçait la chute, parut curieux de je ne sais plus quel livre nouveau qui faisait du bruit, et, m’ayant quitté, il reprenait déjà sa marche quand il se ravisa :

— J’allais vous prier de venir me voir, me dit-il, j’ai besoin de vous parler. Nous publions, plusieurs amis et moi, chez un grand éditeur, une vie des peintres, par livraisons, pour remplacer celle de Charles Blanc, qui est devenue insuffisante. C’est une grande entreprise dont nous nous chargeons là. Vous nous rendrez service d’en réunir les éléments, d’en corriger les épreuves, d’y collaborer au besoin, enfin d’être pour notre publication ce qu’est pour une revue le secrétaire de la rédaction. Ce sera un grand travail, un travail de tous les jours, mais qui vous intéressera. Les émoluments en sont prévus par l’éditeur, qui tient un cabinet de travail à votre disposition.

Trois jours après, je remplissais un emploi fort agréable, et qui, s’il ne devait pas durer ma vie entière, pouvait du moins me procurer