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XVI

MONSIEUR INGRES

J’aimais les arts avec passion. Comme, de ma maison, je n’avais que la Seine à traverser pour être au Louvre, j’y allais presque tous les jours, et je puis dire que ma jeunesse fut nourrie dans un palais splendide. Une justice que je dois rendre à mes professeurs, c’est qu’ils me firent comprendre le génie grec, qu’ils ne comprenaient pas eux-mêmes. Je passai de longues heures au musée Campana qu’on venait d’installer et dans les salles des vases grecs qui s’appelaient encore pour beaucoup des vases étrusques. C’est en étudiant les peintures qui les décorent que je pris le goût de la belle forme, et c’est ainsi que je parvins,