Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/226

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noyées dans une ombre profonde, m’attristaient. Des académies de David, qui me furent très vantées, ne purent m’égayer. M. Dubois lui-même trouvait à David de la brutalité, mais il lui savait gré d’avoir rompu avec le mauvais goût de Boucher, de Pierre et de Fragonard.

Mon hôte me fit entrer dans une chambre où des colombes se becquetaient sur les trumeaux, au-dessus des glaces ternies. Il y avait quelque chose de vrai dans les bruits qui couraient sur cet appartement mystérieux ; je vis dans cette chambre une harpe aux cordes détendues, et, sur un clavecin, des rouleaux de musique ; je vis sur le mur le portrait d’une dame poudrée, un fichu blanc croisé sur la poitrine, et dont la main droite était cachée sous des roses qui paraissaient avoir été peintes après coup, d’une main hâtive. Mais M. Dubois se contenta de me dire que les meubles de cette chambre provenaient de ses parents.

Puis montrant une commode Louis XV, couverte de marqueterie et ornée de bronzes dorés d’or moulu, des fauteuils dorés recouverts de tapisseries à bergeries, des cantonnières en Beauvais, il murmura avec un demi-sourire :