Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/248

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Il était dit que ma mère ne s’accorderait pas une seule fois avec M. Dubois. Elle craignait, comme le pire fléau, la guerre détestée des mères. Ce n’est pas ainsi, pourtant, qu’elle eût voulu qu’on en parlât. Elle préférait, peu s’en faut, la manière de M. Danquin qui aimait que les Français portassent dans le monde la liberté à la pointe des baïonnettes, et m’enseignait que mourir pour la patrie est le sort le plus beau, le plus digne d’envie.

Elle resta rêveuse un moment. Puis, se rappelant la romance qu’autrefois elle chantait sur mon berceau, elle fredonna imperceptiblement :

Il court, il vole, il… Le voilà général.
Il court, il vole, il devient maréchal.
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En attendant, sur mes genoux,
Beau général, endormez-vous.