Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/276

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voyons à l’opposé du soleil occupent des régions froides et ténébreuses. Nous ne pouvons pas dire toutefois que ces astres n’ont pas porté, ne portent pas, ou ne porteront jamais des êtres sur leur surface ; nous connaissons trop peu, pour cela, les conditions dans lesquelles la vie peut se produire. Puissent ces sœurs de la terre donner l’être à des êtres moins malheureux que nous ! Mais chaque soleil que nous voyons comme un point de feu dans le lointain des plaines éthérées mène-t-il son cortège de planètes, et ces planètes ont-elles des habitants ? Nous le croyons parce que nous savons que les soleils sont tous composés, peu s’en faut, des mêmes matières, et nous jugeons de ces astres lointains par celui qui nous éclaire.

Si nous en jugeons sainement, si, composés comme le nôtre, tous les mondes sont habités, le furent ou le seront, si ces habitants sont soumis aux mêmes lois qui gouvernent notre monde, le mal est à son comble, il embrasse l’infini, et l’homme sage n’a plus qu’à fuir la vie ou à rire d’une aventure si plaisante.

Rara per ignotos errant animalia montes.