Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/284

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et qui, bien que permis, n’étaient pas sans douceur. Mais les charades me plaisaient plus que tout. Elles renfermaient en elles tous les spectacles, drame, comédie, pantomime, ballet, opéra. Pour les décors, les costumes et les accessoires, nous mettions à contribution les armoires, les meubles, la vaisselle et la batterie de cuisine de nos hôtes. Aussi ces représentations ne manquaient-elles pas de richesse. Il arrivait parfois qu’on demandât le scénario à Philippine et à moi. En ce cas la charade, au mépris des préceptes de Boileau, tombait dans la plus basse et la plus joyeuse bouffonnerie. Philippine Gobelin avait un génie démesuré. Incomparable comédienne, elle jouait de la façon la plus burlesque ses burlesques inventions.

Son chef-d’œuvre et le mien (car j’y travaillai) fut une charade en trois parties, dont j’ai malheureusement oublié le premier et le tout, en sorte que cet ouvrage dramatique se trouve en ma mémoire dans l’état où nous sont parvenues presque toutes les trilogies du théâtre grec. Je conviens que le dommage est moindre. Il me souvient du moins du second qui était « danse » et avait pour sujet le roi