Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/305

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Elle tenait le seau d’une main, le tisonnier de l’autre quand je lui fis des adieux.

— Je vous envie, me dit-elle, d’aller voir des contrées merveilleuses… Si je pouvais, moi aussi, je voyagerais !… Adieu, monsieur Pierre.

Sur le palier, je l’entendis crier en tisonnant :

— Cette rosse de poêle !…

Je descendis l’escalier avec lenteur et songeai sur le seuil de l’enfant de Marie :

« Elle ne m’a rien dit, rien laissé deviner. Sans doute, la présence de sa mère, sa discrétion, sa délicatesse… Je ne puis pourtant pas remonter et m’écrier : « Je reste ! »

Je me rencontrai avec une grosse dame qui allait chez madame Hubert, la corsetière.

« Elle m’intéresse, elle m’inspire de la sympathie, de l’estime, une sorte d’admiration, me disais-je, mais je ne l’aime pas, je ne l’aimerai jamais. Je ne peux songer à l’épouser. Je ne peux lui sacrifier ma vie… »

Mes regards rencontrèrent, sur cette réflexion, l’enseigne du dentiste Héricourt, qui me causa une impression pénible et m’excita à descendre vivement les marches. Une douce odeur d’iris se faisait sentir sur le palier de mademoiselle