Page:Anatole France - La Vie en fleur.djvu/97

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Il s’étendit ensuite très longuement sur la forme du ballon qui devait être aussi allongé que possible dans le sens de la direction.

L’un des cynocéphales approuvait et donnait le signal des applaudissements, l’autre demeurait impassible.

L’orateur fit ensuite le récit de ses ascensions périlleuses et conta un atterrissage pendant lequel, l’ancre s’étant rompue, le ballon, animé d’une vitesse extrême, rasant la terre, brisait les arbres, les haies, les barrières sur son passage, et faisait bondir, parmi les débris, la nacelle avec l’équipage. Il nous fit frémir en nous disant avec simplicité qu’une autre fois, la soupape n’ayant pas fonctionné, le ballon s’éleva à des hauteurs où l’on ne respire plus, si gonflé qu’il allait éclater quand Vernier fendit l’étoffe. Mais, la déchirure s’étant étendue jusqu’au sommet, la chute devint d’une effroyable rapidité et les aéronautes se fussent broyés sur le sol si la nacelle ne fût tombée dans un étang. En manière de conclusion, il annonça qu’il ouvrait une souscription afin de construire des appareils nécessaires à la navigation aérienne.

Il fut très applaudi. Les deux cynocéphales