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Page:Anatole France - La Vie littéraire, IV.djvu/57

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LA JEUNESSE DE M. DE BARANTE.

la Restauration, par Capefigue. On s’étonnera peut-être que M. de Barante ait choisi pour l’annoter un livre de Capefigue. Mais, par l’ampleur de son cadre, l’ouvrage se prêtait à des gloses sur beaucoup d’hommes et de choses, et puis on ne se faisait pas alors de l’histoire l’idée que nous en avons aujourd’hui, et Capefigue suffisait. M. Claude de Barante a jugé avec raison qu’il pouvait continuer l’œuvre interrompue en faisant usage des matériaux tout préparés et des correspondances qu’il a pu réunir. Le premier volume, qui vient de paraître, va de 1782, date de la naissance de M. de Barante, au mois de février 1813. Il présente une rédaction complète et suivie.

On ne s’attendait pas, sans doute, à y trouver les lettres que madame Récamier écrivit à M. de Barante vers 1805, et qui ont été conservées. Certaines convenances s’opposaient sans doute à ce qu’elles fussent publiées tout de suite. Elles sont en mains sûres, mais non pas toutefois si fidèlement gardées qu’on n’en ait pu détourner quelques lignes à la dérobée. Je puis dire qu’elles sont d’un joli tour, et plus tendres et plus féminines qu’on ne devait s’y attendre. Sainte-Beuve disait que madame Récamier, manquant de style et d’esprit, avait la prudence de n’écrire que des billets. Cet habile homme, qui savait tout, pourtant ne connaissait pas les lettres dont je parle. Elles ont de la grâce, de la finesse et presque de la flamme. C’est auprès de madame de Staël, à Coppet et à Genève, où son père était préfet, que le jeune Barante vit pour la première fois madame