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Page:Anatole France - La Vie littéraire, IV.djvu/74

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LA VIE LITTÉRAIRE.

est infiniment probable qu’il est habité ; mais nous ne saurons jamais quelles formes y revêt la vie. Il est vraisemblable qu’elle y est aussi pénible que sur la terre ; nous pouvons le croire, et c’est là du moins une consolation que la science ne nous enlève pas.

Et quant à l’homme même, qu’en a fait la science ? Elle l’a destitué de toutes les vertus qui faisaient son orgueil et sa beauté. Elle lui a enseigné que tout en lui comme autour de lui était déterminé par des lois fatales, que la volonté était une illusion et qu’il n’était qu’une machine ignorante de son propre mécanisme. Elle a supprimé jusqu’au sentiment de son identité, sur lequel il fondait de si fières espérances. Elle lui a montré deux existences distinctes, deux âmes dans un même individu.

La génération nouvelle fait ainsi le procès à la science et la déclare déchue du droit de gouverner l’humanité.

Que veut-elle mettre à la place des connaissances positives ? C’est ce que nous avons le devoir de rechercher.