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Page:Anatole France - La Vie littéraire, V.djvu/314

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HIPPOLYTE TAINE[1]

Nous perdons Taine si peu de temps après avoir perdu Renan, et les deux plus belles intelligences, les deux plus vastes lumières de ce temps sont maintenant éteintes. Tous deux virent venir la mort avec la tranquillité d’une sagesse méditative. On saura quelque jour, je l’espère, par une relation fidèle, combien la fin de M. Renan fut exemplaire et avec quelle forte douceur d’âme il quitta ce monde où il avait si pleinement exercé la faculté de comprendre. M. Taine, qui savait que la joie et la santé ne sont « que des accidents heureux », ne s’étonna point des souffrances qui lui annonçaient le terme de sa vie. Il attendait un dernier retour de ses forces pour achever son grand livre des Origines de la France contemporaine. Son attente fut trompée. Il n’en murmura pas. « La mort, disait-il récemment à M. C…, est un phénomène comme la

  1. Article nécrologique. L’illustre écrivain était mort à Paris, le 5 mars 1893. (Note de l’éditeur.)