Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/115

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grande, vous dis-je, et imposante dans son enjouement.

Son costume, approprié à sa physionomie, était d’une extrême magnificence ; il consistait en une robe de brocart d’or et d’argent et en un manteau de velours nacarat, doublé de menu vair. La coiffure était une sorte de hennin à deux cornes, que des perles d’un bel orient rendaient clair et lumineux comme le croissant de la lune. Sa petite main blanche tenait une baguette. Cette baguette attira mon attention d’une manière d’autant plus efficace que mes études archéologiques m’ont disposé à reconnaître avec quelque certitude les insignes par lesquels se distinguent les notables personnes de la légende et de l’histoire. Cette connaissance me vint en aide dans les conjonctures très singulières où je me trouvais. J’examinai la baguette qui me parut taillée dans une menue branche de coudrier. C’est, me dis-je, une baguette de fée ; conséquemment la dame qui la tient est une fée.

Heureux de connaître la personne à qui j’avais affaire, j’essayai de rassembler mes idées pour lui faire un compliment respectueux. J’eusse éprouvé quelque satisfaction, je le confesse, à lui parler