Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mademoiselle Préfère fit lentement un signe de dénégation. Puis en soupirant :

— Ah ! monsieur, dit-elle ; les personnes étrangères à l’éducation s’en font des idées bien fausses. Je suis certaine qu’elles parlent dans les meilleures intentions du monde, mais elles feraient mieux, beaucoup mieux de s’en rapporter aux personnes compétentes.

Je n’insistai pas et lui demandai si je pourrais voir sans plus tarder mademoiselle Alexandre.

Elle contempla sa pèlerine, comme pour lire dans l’emmêlement des franges, ainsi qu’en un grimoire, la réponse qu’elle devait rendre, et dit enfin :

— Mademoiselle Alexandre a une pénitence à faire et une répétition à donner ; mais je serais désolée que vous vous fussiez dérangé inutilement. Je vais la faire appeler. Permettez-moi seulement, monsieur, pour plus de régularité, d’inscrire votre nom sur le registre des visiteurs.

Elle s’assit devant la table, ouvrit un gros cahier et, tirant de dessous sa pèlerine la lettre de maître Mouche qu’elle y avait glissée :

— Bonnard par un d, n’est-ce pas ? me dit-elle en écrivant ; excusez-moi d’insister sur ce détail.