Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/19

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un pli au cou ; et de la tête aux pieds ce sont de jolies fossettes qui rient dans la chair rose.

La maman me le montre avec orgueil :

— Monsieur, me dit-elle, n’est-ce pas qu’il est bien joli, mon petit garçon ?

Elle lui prend la main, la lui met sur la bouche, puis conduit vers moi les mignons doigts roses, en disant :

— Bébé, envoie un baiser au monsieur.

Et, serrant le petit être dans ses bras, elle s’échappe avec l’agilité d’une chatte et s’enfonce dans un corridor qui, si j’en crois l’odeur, mène à une cuisine.

J’entre chez moi.

— Thérèse, qui peut donc être cette jeune mère que j’ai vue nu-tête dans l’escalier avec un joli petit garçon ?

Et Thérèse me répond que c’est madame Coccoz.

Je regarde le plafond comme pour y chercher quelque lumière. Thérèse me rappelle le petit colporteur qui, l’an passé, m’apporta des almanachs pendant que sa femme accouchait.

— Et Coccoz ? Demandai-je.

Il me fut répondu que je ne le verrais plus. Le