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Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/294

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solennellement par mon titre et de me dire : « Bonjour tuteur. »

— C’est donc fait ? Quel bonheur, me dit l’enfant, en tapant des mains.

— Cela s’est fait, mademoiselle, dans la salle commune, devant le juge de paix et vous subirez dès aujourd’hui mon autorité… Vous riez, ma pupille ? Je le vois dans vos yeux : il vous passe quelque folle idée par la tête. Encore une lune !

— Oh ! non, monsieur…… mon tuteur. Je regardais vos cheveux blancs. Ils s’enroulent sur les bords de votre chapeau comme du chèvrefeuille sur un balcon. Ils sont très beaux et je les aime beaucoup.

— Asseyez-vous, ma pupille et, s’il est possible, ne dites plus de choses déraisonnables ; j’en ai de sérieuses à vous dire. Écoutez-moi : vous ne tenez pas absolument, je pense, à retourner chez mademoiselle Préfère ?… Non. Que diriez-vous si je vous gardais ici pour achever votre éducation, jusqu’à ce que…… que sais-je ? Toujours, comme on dit.

— Oh ! monsieur ! s’écria-t-elle, rouge de bonheur.