Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/31

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norer. Et vous, oncle Victor, vous, dont ce général de pain d’épice m’a rappelé la mâle figure, venez, ombre glorieuse, me faire oublier ma nouvelle poupée. Nous sommes d’éternels enfants et nous courons sans cesse après des jouets nouveaux.

Même jour.

C’est de la façon la plus bizarre que la famille Coccoz est associée dans mon esprit au clerc Alexandre.

— Thérèse, dis-je, en me jetant dans mon fauteuil, dites-moi si le jeune Coccoz se porte bien et s’il a ses premières dents, et donnez-moi mes pantoufles.

— Il doit les avoir, monsieur, me répondit Thérèse, mais je ne les ai pas vues. Au premier beau jour de printemps, la mère a disparu avec l’enfant laissant meubles et hardes. On a trouvé dans son grenier trente-huit pots de pommade vides. Cela passe l’imagination. Elle recevait des visites, dans ces derniers temps, et vous pensez bien qu’elle n’est pas à cette heure dans un couvent de nonnes. La nièce de la concierge dit l’avoir