Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/49

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çaise me fait un plaisir dont je vous remercie.

Je saluai de nouveau et voulus m’éloigner. Mais mon talon glissa sur une écorce de pastèque, et j’embrassais certainement le sol parthénopéen si la jeune femme n’eût avancé le bras pour me soutenir.

Il y a dans les choses, et même dans les plus petites choses, une force à laquelle on ne peut résister. Je me résignai à rester le protégé de l’inconnue.

— Il est tard, me dit-elle ; ne voulez-vous point regagner votre hôtel, qui doit être voisin du nôtre, si ce n’est le même ?

— Madame, répondis-je, je ne sais quelle heure il est, parce qu’on m’a volé ma montre, mais je crois, comme vous, qu’il est temps de faire retraite, et je serai heureux de regagner l’hôtel de Gênes, en compagnie de courtois compatriotes.

Ce disant, je m’inclinai de nouveau devant la jeune dame et je saluai son compagnon qui était un colosse silencieux, doux et triste.

Après avoir fait quelques pas avec eux, j’appris entre autres choses que c’étaient le prince et la princesse Trépof et qu’ils accomplissaient le tour