Page:Anatole France - Le Crime de Sylvestre Bonnard, 1896.djvu/90

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C’est un très gros paquet, mais pas très lourd. Je défais dans ma bibliothèque les faveurs et le papier qui l’entourent et je trouve… quoi ? une bûche, une maîtresse bûche, une vraie bûche de Noël, mais si légère que je la crois creuse. Je découvre en effet qu’elle est composée de deux morceaux qui sont joints par des crochets et s’ouvrent sur charnières. Je tourne les crochets et me voilà inondé de violettes. Il en coule sur ma table, sur mes genoux, sur mon tapis. Il s’en glisse dans mon gilet, dans mes manches. J’en suis tout parfumé.

— Thérèse ! Thérèse ! apportez des vases pleins d’eau ! Voici des violettes qui nous viennent de je ne sais quel pays, ni de quelle main, mais ce doit être d’un pays parfumé et d’une main gracieuse. Vieille corneille, m’entendez-vous ?

J’ai mis les violettes sur ma table, qu’elles recouvrent tout entière de leur buisson parfumé. Il y a encore quelque chose dans la bûche, un livre, un manuscrit. C’est… je ne puis le croire et ne puis en douter… C’est la Légende dorée, c’est le manuscrit du clerc Alexandre. Voici la Purification de la Vierge et l’Enlèvement de Proserpine, voici la légende de saint Droctovée. Je