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LA FILLE
DE CLÉMENTINE

I

la fée

Quand je descendis de voiture à la station de Melun, la nuit répandait sa paix sur la campagne silencieuse. La terre chauffée tout le jour par un soleil pesant, par un « gras soleil », comme disent les moissonneurs du val de Vire, exhalait une odeur forte et chaude. Au ras du sol, des parfums d’herbe traînaient lourdement. Je secouai la poussière du wagon et respirai d’une poitrine allègre. Mon sac de voyage, que ma gouvernante avait bourré de linge et de menus objets de toilette, munditiis, me pesait si peu dans la main, que je l’agitai comme un écolier agite, au sortir