de l’amant de Velléda. George Sand montra dans un même sentiment le moine Magnus à côté de Lélia. Ces mélanges se font aux époques de foi douteuse, dans les âmes aux trois quarts affranchies. Sainte-Beuve y excella1. Que de fois dut-il, dans sa chambre, le soir, se plonger dans la lecture des Confessions de saint Augustin, pour s’imaginer qu’un baiser l’avait damné ou mis en péril ! Sous cette double teinte mystique et sensuelle, les Consolations sont d’une délicate et pénétrante poésie. La première, à Mm’ V. H***,
Plus fraîche que la vigne au bord d’un antre frais,
est peut-être ce que la poésie intime a donné en France de plus vrai dans la mélancolie.
Rappelez-vous cette femme heureuse et qui soupire, et ce poète qui songe que
Ce ciel restera bleu quand nous ne serons plus,
et qui cherche une pensée qui « console au milieu du bonheur ».
Il faut retenir aussi ce souhait :
Naître, vivre et mourir dans la même maison,
1. Trente ans après, Sainte-Beuve vieilli, ayant « chassé tous les nuages », traitait fort légèrement son ancien mysticisme. Il avoua tout net à Mm° Hortense Allart de Meritens que ses parfums de sacristie allaient droit aux femmes :
k J’ai fait, dit-il, un peu de mythologie chrétienne en mon temps ; elle s’est évaporée. C’était pour moi comme le cygne de Léda, un moyen d’arriver aux belles et de filer au plus tendre amour. La jeunesse a du temps et se sert de tout. »