teur, mais comme improvisateur, un succès mérité. Dans je ne sais quel café-chantant de Paris, l’Alcazar m’a-t-on dit, il donna des séances où il fut merveilleux. Il paraissait sur le tréteau après la chanteuse ou Je ventriloque et faisait des vers sur les rimes que le public lui jetait. Il laissa loin derrière lui Pradel dans ce genre d’exercice, et son habileté à donner une apparence de sens et d’esprit, un agrément de rythme, une suite saisissable à ces vers construits à l’improviste sur des consonances assemblées au hasard, surprit les rares connaisseurs, amusa un instant le public et sera notée comme un fait unique. Mais ce qu’il importe de ne pas oublier, c’est que Glati-gny ne souffrit jamais qu’un seul feuillet de ces bouts-rimés restât aux mains des étrangers et pût être publié. 11 savait, lui qui faisait des vers, que ce n’en était pas. Avant d’en finir avec son existence vagabonde, ses erreurs, comme on dit d’Ulysse, je dois nommer un personnage que le poète a lui-même immortalisé dans un sonnet.
Glatigny fut suivi dans toutes ses courses par une compagne qu’il adorait. Cette amie était de race douteuse et de mine commune, mais elle avait beaucoup d’esprit et de cœur. Elle se nommait Cosette et marchait à quatre pattes, car ce n’était pas une chienne savante. On ne pouvait voir Glatigny sans Cosette, et André Gill, qui fit,le portrait du poète, ne manqua pas d’y ajouter Cosette pour compléter la ressemblance. Cosette avait des passions et elle y cédait.
Glatigny courroucé lui jetait cette parole fou-