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LE JARDIN D'ÉPICURE

et paisible volupté. On croit les confondre en disant qu’ils ne lisent point leurs livres. Mais l’un d’eux a répondu sans embarras : « Et vous, mangez-vous dans votre vieille faïence ? » Que peut-on faire de plus honnête que de mettre des livres dans une armoire ? Cela rappelle beaucoup, à la vérité, la tâche que se donnent les enfants, quand ils font des tas de sable au bord de la mer. Ils travaillent en vain, et tout ce qu’ils élèvent sera bientôt renversé. Sans doute, il en est ainsi des collections de livres et de tableaux. Mais il n’en faut accuser que les vicissitudes de l’existence et la brièveté de la vie. La mer emporte les tas de sable, le commissaire-priseur disperse les collections. Et pourtant on n’a rien de