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LE JARDIN D'ÉPICURE

innocences. Du moins, qu’il nous laisse la pitié, afin que nous ne soyons pas enfermés dans la vieillesse comme dans un sépulcre.

C’est par la pitié qu’on demeure vraiment homme. Ne nous changeons pas en pierre comme les grandes impies des vieux mythes. Ayons pitié des faibles parce qu’ils souffrent la persécution et des heureux de ce monde parce qu’il est écrit : « Malheur à vous qui riez ! » Prenons la bonne part, qui est de souffrir avec ceux qui souffrent, et disons des lèvres et du cœur, au malheureux, comme le chrétien à Marie : « Fac me tecum plangere. »