Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/170

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secret du cœur, leur a gâté l’univers. Leur vie ne portera point de fruits ; le froid en a séché la fleur. Elles ont eu trop tôt le sentiment du mal universel. Elles se cachent pour pleurer. Elles veulent qu’on les oublie. Elles veulent oublier… Ou plutôt, elles aiment leur douleur et elles la mettent à l’abri des hommes et des choses. Il en est d’autres enfin qu’attire au couvent le zèle du sacrifice et qui veulent se donner tout entières, dans un abandon plus grand encore que celui de l’amour. Celles-là, plus rares, sont les vraies épouses de Jésus-Christ. L’Église leur prodigue les doux noms de lis et de rose, de colombe et d’agneau : elle leur promet, par la bouche de la Reine des Vierges, la couronne d’étoiles et le trône