Page:Anatole France - Le Jardin d’Épicure.djvu/181

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obéissantes. Une telle vie tue l’imagination et non pas la gaieté. Il est rare de rencontrer l’expression d’une tristesse profonde sur le visage d’une religieuse.

À l’heure qu’il est, on chercherait vainement dans les couvents de France une Virginie de Leyva ou une Giulia Carraciolo, victimes révoltées, respirant avec ivresse à travers les grilles du cloître les parfums de la nature et du monde. On n’y trouverait pas non plus, je crois, une sainte Thérèse ou une sainte Catherine de Sienne. L’âge héroïque des couvents est à jamais passé. L’ardeur mystique s’éteint. Les causes qui jetaient tant d’hommes et de femmes dans les monastères n’existent plus. Aux temps de violence, quand l’homme, mal assuré