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LE JARDIN D'ÉPICURE

Comment blâmer cette noble et douce et sage Sophie Germain qui, aux soins du ménage et de la famille, préféra les méditations silencieuses de l’algèbre et de la métaphysique ? La science ne peut-elle avoir, comme la religion, ses vierges et ses diaconesses ? S’il est peu raisonnable de vouloir instruire toutes les femmes, l’est-il davantage de vouloir interdire à toutes les hautes spéculations de la pensée ? Et, à un point de vue tout pratique, la science n’est-elle pas, dans certains cas, pour une femme, une ressource précieuse ? Parce qu’il y a aujourd’hui plus d’institutrices qu’il n’en faut, devons-nous blâmer les jeunes filles qui se vouent à l’enseignement, malgré l’ineptie cruelle des programmes et la